Dieudonné aussi loin que possible
J'ai accompagné ce cher Dieudonné aussi loin que possible car c'est l'un des plus talentueux comique vivant. Un artiste trés dérangeant.
Mais voilà c'est fini, le dernier gag ne m'a pas fait réfléchir, ne m'a pas choqué, et le public débile applaudissant ce mort-vivant (Faurisson). Triste.
Je suis dans le même état d'esprit que Philippe Bilger (que je découvre) :
Cette illustration scandaleuse est aggravée par la confrontation entre
Faurisson, qui reçoit le prix, et le technicien, faux déporté juif qui
le lui remet. Il n'est même plus question, dans cette relation
choquante qui pousse jusqu'au délire les élucubrations d'un esprit
dissident, du problème de la liberté mais de l'aptitude à la décence.
Faurisson ne suffisant pas, on dévaste encore plus la mémoire, on
agrandit la plaie avec cette pantalonnade ridiculisant la tragédie en
la ravalant au rang d'une Cérémonie des César ! Devant l'incrédule, on
présente un homme simulant un déporté. C'est pour rire. Mais, alors, ce
n'est plus la censure qui est la cible mais la souffrance et la mort.
Et Dieudonné nous devient, soudain, étranger.
(...)
Ce qui me navre, c'est que dans un monde aussi étroitement verrouillé
par le totalitarisme du Bien, j'aurais pu comprendre à la rigueur les
pires débordements protestataires pour casser le savoir-penser et le
savoir-dire. Mais, par cette péripétie, Dieudonné s'enferme, ne nous
rejoint pas.
En espérant, que des voix s'élève pour que les pygmés ne crèvent pas en silence et pour que la voix des déportés de l'esclavage continue à déchirer nos oreilles.
Mais aussi pour que la solution finale soit rendu à cette politique d'extermination : des juifs, des gitans, des pédés, des noirs, des intellectuels, de l'intelligence, de la liberté.