Penser comme Alain Minc
Dans le gratuit Direct Soir du 19 mai 2009, Alain Minc éditorialise sur les malheurs de la presse Américaine.
Vous craignez le pire, vous ne serez pas déçu.
Il énumère les difficultés rencontrées par les quotidiens américains et déclare "pour qui est familier des Etats-Unis, quel séisme!"
Ca y est la légitimité du bonhomme est posé. Lui Alain M. est bien sur dans le lot des personnalités familières des Etats-Unis. D'ailleurs, il parait qu'il connait personnellement Monsieur et Madame Etats-Unis.
"Alors que la presse américaine pensait avoir trouvé depuis 2 siècles la martingale qui assurait simultanément la rentabilité et l'indépendance, l'idée se répand, sans provoquer de haut-le-coeur, de la transformer en secteur "non-profitable", c'est à dire la version anglo-saxone du service public!
2 siècles : petite approximation pouvant faire penser que ces journaux sont liées à une histoire politique, républicaine, démocratique. En réalité ces journaux sont nés autour de 1850, ils sont donc liés à l'histoire du capitalisme, de la pensée libérale, de la révolution industrielle, du consumériste et de la publicité.
Martingale : à ça lui fait plaisir d'utiliser des jolis mots à lalain mais il faut en connaitre le sens. Moi je suis assez ignorant donc je vérifie. Et si j'en crois mes sources webiques, une martingale ne permet en aucun cas de changer l'espérance du gain : en moyenne un joueur utilisant une martingale ne gagnera pas plus qu'un autre joueur. En effet, la martingale permet de perdre moins souvent, mais elle augmente en contrepartie le montant des pertes.
Assurer la rentabilité et l'indépendance : la presse n'a jamais été indépendante car elle a toujours été liée au développement des trusts et des banques. Sa rentabilité c'est la diffusion des idées libérales, du bien fondé du capitalisme populaire. Son but est de convaincre l'individu de basculer ses économies du bas de laine à l'achat d'actions et vers la consommation. Rien de plus.
l'idée se répand : c'est toujours mauvais une idée qui se répand, c'est qu'elle sort du cercle des initiés, de ceux qui sont autorisés à penser.
sans provoquer de haut-le-coeur : fichtre quelle peut être cette idée à vomir
de la transformer en secteur "non-profitable" : pour Alain forcément il y a que l'argent qui compte, la gratuité cela ne lui rapporte rien. Mais le pire c'est que ce "secteur non-profitable" c'est en effet de rompre le lien entre la presse et les sociétés libérales pour en faire un instrument de diffusion des idées tout court.
La suite est à l'avenant :
Hypothèse absurde
Moins un raisonnement, qu'un affolement
On comprend l'angoisse des journalistes
Lorsque la sidérurgie était en crise, chacun mesurait le drame social à venir, mais nul n'imaginait la disparition de l'acier. (Crétinerie: lorsque la presse est en danger, nul n'imagine la disparition des mots)
Les rédacteurs voient l'avenir de l'économie en noir parce que le leur est sombre (magnifique conclusion : la crise est une invention des journalistes déprimés : en réalité tout va bien, le ciel est bleu)
Ma conclusion : une journée sans penser comme lalain c'est pas une si mauvaise journée que ça.
C'etait l'analyse d'un édito d'Alain Minc Essayiste (cela fait 25 ans qu'il essaye d'avoir une pensée)