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Le blog libertaire et anarchiste de NicoCerise
3 février 2010

Politesse : du ridicule au ghetto

J'ai déjà parlé de l'ouvrage de frédéric Rouvillois L'histoire de la politesse de 1789 à nos jours. Mais le temps est différent sur les blogs. Sur internet tout passe vite et en même temps tout se conserve sans hiérarchie unique. Donc je vous propose ces morceaux choisis d'une interview de liberation.fr du 23/12/2008.

Que la politesse puisse être utilisée aussi comme un moyen de ségrégation est vrai. Mais, si la politesse est aussi clairement un outil de domination, il est intéressant de voir comment la nature humaine va utiliser tout ce qu'elle a sous la main pour éventuellement le retourner.

L'histoire de la politesse est faite de ruptures, parfois brutales.

A la Révolution de 1789, et surtout avec la Terreur, on remplace «monsieur» par «citoyen». Certains ont pensé qu'utiliser le mot «citoyen» était déjà une ségrégation et qu'il valait mieux supprimer tous les titres. Ceux-là réclamaient qu'on donne éventuellement le nom de famille, mais pourquoi pas considérer également que le nom de famille est une ségrégation. On touche à l'utopie, voire à la science-fiction : pourquoi pas désigner les gens par des numéros. Mais, là encore, n'y a-t-il pas risque de ségrégation, comme le pensait Philip K. Dick, car ceux dotés des premiers numéros seraient mieux considérés.

1789 marque une cassure totale avec les règles de savoir-vivre antérieures.

Le phénomène révolutionnaire est, entre autres choses, la victoire des gens sérieux. Les révolutionnaires considèrent que la politesse de l'Ancien Régime est quelque chose de frivole, d'hypocrite, de pas franc... C'est pourquoi Robespierre qui, par ailleurs, est un homme parfaitement bien élevé, qui connaît et respecte les règles du savoir-vivre, n'en supporte pas le principe.

Arrive Napoléon.

les Français ne parviennent pas à se défaire de tout ce qui reste de la Révolution sur un plan culturel et mental, notamment ce sérieux, imposé pendant quelques années. Au fond, c'est ce qui explique le passage de la politesse aristocratique décontractée à une politesse bourgeoise beaucoup plus rigide.

A partir de 1800 et au XIXe siècle, on voit fleurir par centaines des manuels de politesse qui s'intitulent assez souvent «code du savoir-vivre»,«code de la politesse», et même dans les années 1820 un «code civil», censé désigner le code de la civilité. Le «sérieux bourgeois» s'impose.

Et la sanction du code civil est le ridicule :

Comme dans la haute société, on utilise le ridicule.

Oui, et de manière assez violente parfois.

Tomber dans le ridicule est une infamie absolue...

Oui, à condition que le groupe social soit suffisamment dense pour pouvoir prononcer une peine de ce type.
Mais aujourd'hui, dans la plupart des groupes sociaux, beaucoup plus effilochés, individualistes, le ridicule a une portée beaucoup moins grande. Il ne tue plus.

Et aujourd'hui donc les gouvernements successifs mettent en avant la notion d'incivilité* . Il faut lutter contre les incivilités. Comment ?

FRANCAISES, FRANCAIS POURFENDEZ LES IMPOLIS

*paix sur Sébastian Roché qui avec sa thèse de doctorat a recréé le concept . Il est légitime qu'il reçoive les Palmes Académiques pour avoir aussi bien creusé son sillon.

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